mercredi 29 janvier 2014

L'extrait du moment


Je ne résiste pas à vous offrir un extrait sympathique du livre de mon ami Stephan "Pari-Baltimore". un roman étonnant, une chik-lit au masculin..version anti-héros à baffer, j'adore!!!


Une fois dehors, la fille était toujours là. Elle consultait son "blackberry".

"Ne vous inquiétez pas, je suis sûr qu'il vous rappellera, il faudrait être fou pour ne pas le faire", lui ai-je balancé, avec ma voix la plus suave que je réservais pour ce genre d'occasions. Avant de rajouter, un brin charmeur, "je vous ai apporté un café, sans sucre bien sûr".

Je n'ai même pas eu le temps d'enchaîner une autre vanne à deux balles, que mon boss, lui, m'en tirait deux dans le dos. il m'annonçait que la personne à qui je faisais du "gringue" n'était autre que l'avocate d'un dossier dont je m'étais chargé personnellement. Mais qui avait malheureusement mal tourné pour la compagnie. Enfin, pour moi, plus exactement. Parce qu'on m'accusait d'avoir fait pression sur le type pour qu'il démissionne. "Maître Dellavista" (moi dans ma tête: hmmmm italienne?) est chargée de représenter les intérêt de David Libermann, vous vous rappelez?" (...)

Soudain, Miss "Dellabônasse" a murmuré, avec sa petite voix de cristal, quatre petits mots merveilleux "merci pour le café". Avant de lâcher sur moi sa bombe et m'indiquer, en gros, que son client voulait ma tête sur le billot et 400 000 euros.

"Il n'a qu'à jouer à l'euro-millions ton gus", voilà les premiers mots qui me sont venus à l'esprit. je les aurais bien balancés à Maître Della-Machi-Chose, si mon boss n'avait pas été en train de me regarder avec cet air de matador qui veut couper les oreilles et la queue de son taureau.

"Pour ma défense, Maître Bennavista" (j'écorche toujours les noms de mes adversaires, c'est un principe). Elle a tout de suite réagi. "Ce n'est ni Bennavista, ni Bennaquista, ni Béniouioui, c'est Dellavista, je pense qu'une personne comme vous n'aura plus de mal à retenir un nom comme celui-ci". ("Ton nom je ne sais pas mais ton décolleté, je te jure que non", je pensai). J'enchaîne "Ecoutez, Maître Dennavista. Votre client peut prouver nothing, nada, rien. Et vous le savez. (...)

Putain, la perspective de filer à cet enfoiré 400 000 euros me faisait sacrément chier. Mais celle de passer quelques heures avec le sosie de Catherine Zeta-Jones, ça c'était bonnard.

"Maître Zeta-Jones" entra avec mon café à la main: "alors, c'est ici la salle des tortures?"
Moi:"tout dépend des instruments que vous affectionnez"
Elle: "Et si on parlait du vôtre, le chantage?"
Moi (j'ai délibérément ignoré sa remarque): "Bon, il veut combien et dans quel délais?"

Une heure plus tard, elle me lança "C'est un plaisir de faire affaire avec vous". Et, avant de quitter le bureau, me montrant son blackberry, fit allusion à mon numéro de tout à l'heure: "au fait, si ça vous intéresse, il ne m'a pas rappelé".
Moi (un peu agacé): "ça ne m'étonne pas!"
Elle:" Vous avez mon numéro au cas où" en me gratifiant d'un clin d'oeil.
"La garce", ai je lâché, une fois qu'elle avait quitté le bureau.


Stephan Pelissier, Paris-Baltimore.

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