lundi 17 septembre 2012

Interview avec Patrice Cazeault auteur d'Averia



Averia est une saga science-fiction qui nous vient du Québec… mais l’action se passe bien loin de chez nous…sur Averia et Tharisa, étoile et planète de notre galaxie…

Et pourtant, malgré les références « spatiales », ces romans abordent des thèmes connus car ils reflètent en tous points des travers de notre politique bien « humaine ». Sont abordés des thèmes de notre passé, des aléas de notre Histoire, comme le totalitarisme, le génocide, les ségrégations, le colonialisme, les guerres d’indépendance, le terrorisme…

Ainsi, c’est plus une série politique où se mêlent les destins des personnages, qu’une saga de science fiction à proprement parler. Ici, les héros ont des histoires particulières, des chemins difficiles, et nous sentons que très bientôt, l’auteur va faire se croiser tous ces destins pour notre plus grand plaisir…

Alors après lecture de ces deux premiers tomes très prometteurs, j’ai plein de questions à poser à Patrice Cazeault, auteur de ces titres, et membre actif de notre blog !!!! Merci à Patrice pour cet échange et aux éditions ADA, bien sûr…
 
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Audrey : Une question toute personnelle, je fais ma curieuse, comment as-tu fais la connaissance des Livres d’Alily et Audrey ?

Patrice : C'est bien simple! J'aime suivre les succès de mes collègues, chez ADA. Aussi, quand j'ai vu que vous aviez commenté Polux, d'Aude Vidal Lessard, je me suis tout de suite intéressé à votre site. J'y ai découvert un catalogue impressionnant de titres, mais, surtout... la passion de deux grandes lectrices!

Audrey : Impossible de ne pas faire de rapprochement avec l’Histoire avec un grand H, (c’est la prof d’histoire qui parle…) J’ai lu que tu avais justement fais des études d’histoire … Lorsque tu t’es mis à l’écriture ces thèmes se sont-ils imposés d’eux-mêmes? Pour toi était-il évident de partir sur ces sujets ?

Patrice : Oui et non. Ce qui est arrivé en premier, c'est le personnage et le sentiment d'injustice. Je voyais Seki plongée malgré elle dans une situation inextricable. C'est lorsqu'est venu le temps de construire la toile de fond, d'esquisser le monde dans lequel mes héroïnes allaient évoluer que les thèmes reliés à l'histoire se sont imposés. Et, encore là, il s'agissait surtout d'articuler l'univers de manière à ce que celui-ci résonne avec l'Histoire, et non pas de plaquer simplement un «vernis historique» sur un monde étranger. Ce que j’aime avec cette résonnance, c’est qu’elle me permet d'aborder des questions intéressantes.

Audrey : Pour quelles raisons la science-fiction ? Comment t’es-tu imprégné de ce genre, de cette atmosphère ?

Patrice : Pour quelles raisons? Principalement parce que la science-fiction ne me force pas à rendre de comptes à la réalité! Hahaha... Sérieusement, j’aime cette toile de fond. L’univers est si vaste et les étoiles sont si inspirantes… Je l’avoue, je suis de ceux qui s’emmitouflent, le soir, pour observer le ciel. J’aime le vertige qui me gagne lorsque je guette les étoiles et que j’imagine la distance monstrueuse qui nous sépare d’elles…

Audrey : Quelles ont été tes sources d’inspiration ?

Patrice : Tout démarre des personnages. Ce sont eux qui nourrissent mon imagination et mon univers. C’est en imaginant leur parcours et leurs épreuves que j’arrive à faire vivre le monde autour d’eux.

Audrey : Pourquoi avoir choisi des personnages féminins? J’ai l’idée logique, mais peut être erronée,  que lorsque l’on écrit on se met plus facilement à la place de quelqu’un qui nous ressemble ? On choisit un héros proche de nous ? Bon je n’ai jamais écrit donc je n’en sais rien… (si tu ressembles à Annika je vais m’inquiéter !). Comment démarre la vie d’un « héros » de roman pour toi?

Patrice : Excellente question, Audrey! En fait, un personnage masculin n'est pas plus facile à mettre en scène qu'un autre de sexe féminin. Mon travail d'auteur, c'est de connaître mon personnage de l'intérieur, de découvrir ce qui le fait vibrer, ce qui l'affecte, l'effet que ses proches ont sur lui et l'empreinte qu'il laisse sur son passage, sur ceux qu'il côtoie. C'est l'aspect le plus intéressant de la création: partir à la découverte des mondes intérieurs des personnages.

Pour tout dire, en ce qui concerne Seki, Myr et Annika... peut-être que la «distance» qu'il y a entre elles et moi me permet de leur insuffler un petit quelque chose de personnel, à l'insu de tous! (hahaha, oui, même chez Annika!)

Audrey : Bon rentrons un peu dans le vif du sujet…Ha ha, parlons de tes héroïnes, je te reproche d’avoir tiré leur traits de caractère à l’extrême, Seki est la blanche colombe qui n’œuvre que pour la paix refuse le conflit, Myr et Annika sont des rebelles dans l’âme, voire des psychopathes, bon j’exagère, mais c’est le sentiment qu’elles m’ont laissé…Vas-y défends un peu tes héroïnes !!!! Parles-nous d’elles :

Patrice : Il ne faut pas oublier que tout personnage chemine! Mes héroïnes ne sont pas figées dans ces états d'esprits, et tout l'intérêt de la série repose sur cette question: comment vont-elles réagir, évoluer, se transformer? D'ailleurs, j'avoue ne pas partager votre opinion au sujet du caractère tranché au couteau de mes personnages. Même dans ce point de départ, je me suis efforcé de nuancer leur personnalité.

Seki, par exemple, milite pour la paix principalement parce qu'on la pousse à choisir un camp. Si les événements ne les avaient pas tant bousculés, sa soeur et elle, elle se serait contenté de continuer à éviter les projecteurs. C'est là la vraie clé pour saisir ce personnage: Seki s'est bâtie une carapace pour endormir les douleurs du passé, pour se protéger du monde extérieur. Et l'auteur manipule les éléments autour d'elle pour la forcer à se défaire de cette enveloppe opaque! La paix à tout prix n'est qu'une autre épaisseur de cette muraille qu'elle érige pour se défendre.

Myr, est plus facile à comprendre, et, à mon avis, beaucoup plus touchante. Sa haine pour les Tharisiens est une façon de canaliser le dégoût qu'elle éprouve pour elle-même en raison des fautes qu'elle s'attribue, de la perte qu'elle s'imagine avoir provoquée au sein de sa famille. La révolution à laquelle elle s'accroche comme une bouée sert à l'empêcher de sombrer...

Annika, elle, s'assume en tant que personnage antipathique! Hahaha! Elle a conscience d'être injuste envers ses compagnons, et prends plaisir à se montrer odieuse... tout en craignant secrètement de se retrouver seule. Observez sa réaction lorsqu'elle «plaque» ses compagnons, lorsque son oncle émet le souhait de l'exiler, quand son cousin refuse de l'accompagner, comment elle réagit après la perte de... D'ailleurs, les événements de ce tome-ci lui font prendre conscience de l'étendue et de la portée de cette colère irraisonnée. Après cette révélation fracassante, qui sait quelle direction elle empruntera...

Audrey : Le deuxième tome, Annika, est beaucoup plus sombre, moins optimiste que le premier, la fin nous laisse en même temps que l’héroïne un bon arrière goût de culpabilité… As-tu l’intention de faire davantage souffrir tes personnages, et donc tes lecteurs, où le ciel va-t-il un peu s’éclaircir ?

Patrice : Hahaha! Je ne suis pas toujours très tendre avec mes personnages, j'en conviens. Et pourtant, je vous l'assure, je leur voue un amour inconditionnel.

Pour répondre à la question: Mes histoires sont faites d'ombres et de lumières. Il y a encore plusieurs épreuves en vue, et je réserve à Seki, Myr et Annika beaucoup d'émotions fortes. Certaines vont laisser des traces, d'autres les feront grandir.

Je crois que, si le lecteur souffre avec le personnage, il se réjouit encore davantage lorsque celui-ci surmonte les difficultés. Les éclaircies viennent, je vous le promets !

Audrey : As-tu fini d’écrire la série, combien de tomes va-t-elle comprendre ?

Patrice : Non, la série n'est toujours pas terminée! Je suis pris dans les tourbillons du tome 5, en ce moment. Si tout se passe comme prévu, la série devrait se conclure avec le tome 6. Ouf!

Audrey : Comment travailles-tu ton écriture ? As-tu des habitudes, des lieux de prédilection, des moments dans la journée, des musiques pour t’accompagner ? On veut tout savoir !

Patrice : J'avais des habitudes plus ancrées, avant l'arrivée dans ma vie de mon fils, mon petit poupon de deux mois! Maintenant, j'écris à toute heure du jour, ou de la nuit, par courtes séances souvent interrompues par un sourire ou par un pleur! Jadis, je consommais une quantité effarante de boissons énergisantes pendant l’écriture, mais ma copine m’a mis au thé vert (c’est bien meilleur pour ma santé, et presque tout aussi efficace!). Sinon, j’écris presque toujours avec de la musique sur les oreilles.  La pièce Echoes de Pink Floyd, par exemple, m’a accompagné tout le long de la rédaction du tome 3.

Audrey : As-tu participé à l’élaboration des couvertures ? Comment se passe ce travail ?

Patrice : Pour les deux premières, j’ai d’abord envoyé des illustrations que ma copine et moi avions réalisées depuis 2009, afin d’inspirer les concepteurs des éditions ADA. Ensuite, je leur laisse opérer leur magie !

En ce qui concerne la couverture du troisième tome, je me suis impliqué davantage : j’ai fait prendre la photo du personnage… J’ai hâte de vous la montrer !

Audrey : Quels sont tes autres projets, en dehors de finir Averia ? Il y a bien quelque chose qui te tente ?

Patrice : Hahaha ! La réponse est… non ! Évidemment, je souhaite écrire encore. Il s’agit d’une passion que je développe et alimente presque chaque jour depuis mars 2009. Par contre, je tiens le couvert sur la boîte à idée. Pour l’instant, je m’efforce de consacrer mon imagination à Averia. Je ne veux pas que de nouveaux personnages viennent polluer mes idées. Par contre, dès que la série se termine, j’ouvre la porte toute grande et je lance l’invitation à toutes les petites étincelles d’imagination qui parcourent l’univers.

Audrey : Quel est ton dernier coup de cœur Littéraire ? Que lis-tu en ce moment ?

Patrice : J’ai presque terminé de lire la série Les Pulsars, d’Eve Patenaude, et j’aime beaucoup ! Sinon, mon frère m’a convaincu d’entamer la série Honor Harrington, de David Weber, principalement parce que c’est ce style qu’il aimerait me voir adopter pour Averia… mais, je trouve ça très rigide, très «science-fiction», avec des chiffres et des théories et… m’enfin, c’est très loin de ce que je veux pour mes livres !

Merci beaucoup, Audrey, pour cet échange ! Continuez d’explorer et de partager votre passion !

Pour voir les chroniques de ses livres :
 
 

4 commentaires:

  1. Super cet entrevue ! Il est super sympathique Patrice. J'ai déjà eu la chance de jaser avec lui à quelques reprises. Bravo pour ce moment magique !
    Bisousxxx

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  2. Merci encore Audrey pour cette belle entrevue! Tu poses des questions très intéressantes.

    @Froggy: Si tu repasses à Québec l'année prochaine, on aura peut-être l'occasion de se parler de vive voix ;)

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  3. Je suis à Québec moi aussi :)
    Je vais rarement au salon du livre... je trouve qu'il y en a pas beaucoup d'évènement comme celle là.

    Vas-tu au salon du livre de Québec ?

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  4. De rien Patrice, c'est un véritable bonheur pour moi de pouvoir échanger avec des auteurs, ça donne un autre regard sur leur métier et sur l'oeuvre...
    J'espère pouvoir encore continuer à les "embêter" avec mes questions....et toi y compris!

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